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2. Messages clés

Vu ce que nous savons maintenant, il faut agir davantage

Les tendances collectives semblent indiquer un déclin de la biodiversité et une dégradation continue des habitats dans de nombreuses parties de la zone maritime d'OSPAR, même si des mesures ont été prises par les Parties contractantes d'OSPAR pour parvenir à des mers propres, riches en biodiversité et productives. Deux choses sont claires : 1) des mesures supplémentaires sont nécessaires, pour passer d'une trajectoire de déclin de la nature à une trajectoire de rétablissement de celle-ci, et 2) les mesures existantes doivent être plus efficaces.

Des progrès significatifs ont été réalisés par les Parties contractantes d'OSPAR en vue de mieux comprendre et de limiter les impacts négatifs des activités humaines sur l’Atlantique du Nord-Est, un océan riche en biodiversité. La qualité de l’environnement s’est améliorée à certains égards : les rejets des substances dangereuses les plus préoccupantes telles que les PCB, les HAP et les composés organochlorés ont considérablement diminué, on a réussi à prévenir la pollution par les substances radioactives, les rejets de l’industrie pétrolière et gazière ont été réduits, les déchets marins font l'objet d'une meilleure surveillance et des mesures importantes ont été prises pour les réduire, et une réduction progressive des apports et de la disponibilité des nutriments excédentaires a été observée dans de nombreuses Régions d'OSPAR. Cependant, malgré ces réductions, les impacts des pêches et d’autres activités humaines sur la biodiversité se font encore profondément sentir, et d’autres formes de dégradation telles que la pollution sonore suscitent de plus en plus d'inquiétude. Les pressions anthropiques affaiblissent aussi les écosystèmes marins et diminuent leur résilience au changement climatique et à l’acidification des océans ; ceux-ci entraînent aujourd’hui des changements majeurs qui mettent en péril une grande partie de la biodiversité marine de l’Atlantique du Nord-Est. Les évaluations des indicateurs dans les principaux groupes concernés par la biodiversité (oiseaux de mer, mammifères marins, poissons) et les évaluations écologiques des réseaux trophiques, des habitats benthiques et des habitats pélagiques montrent toutes des déclins de la biodiversité, malgré les progrès réalisés dans l’identification et la gestion des pressions. Ces pressions cumulatives, en plus du changement climatique, ont non seulement un impact sur des espèces individuelles et sur d’importants groupes fonctionnels d’organismes, mais peuvent aussi accélérer la propagation d’espèces non indigènes, dont beaucoup peuvent devenir envahissantes et réduire encore plus la biodiversité. Il est donc de plus en plus urgent de s’attaquer aux facteurs de dégradation et de perte de biodiversité, en améliorant ainsi la santé et la résilience des nombreux écosystèmes marins de la zone maritime d'OSPAR.

Des progrès sont en cours vers l'objectif de parvenir à des mers propres, mais il y a encore du chemin à faire

Les impacts négatifs des activités pétrolières et gazières continuent de diminuer

Les mesures d'OSPAR ont entraîné une diminution de tous les rejets du secteur pétrolier et gazier offshore, y compris les rejets d’eau de production, de fluides de forage à base d’hydrocarbures et de produits chimiques contenant des substances dangereuses. Certaines pressions qui étaient autrefois répandues, par exemple la pollution due au rejet de déblais de forage non traités à base d'hydrocarbures, ont maintenant cessé et le niveau de contamination a diminué. Une approche basée sur le risque a également été introduite pour la gestion des rejets d’eau de production – la principale source de contamination par le pétrole brut en mer –, en complément du Système obligatoire et harmonisé de contrôle de l'utilisation des produits chimiques en offshore d'OSPAR, et pour promouvoir le passage à l’utilisation de substances moins dangereuses. Dans le même temps, OSPAR travaille en vue d'un enlèvement total des installations pétrolières et gazières désaffectées, le démantèlement d’autres installations étant prévu au cours de la prochaine décennie. À la lumière de l’expérience acquise en matière de démantèlement des installations pétrolières et gazières, des recherches pertinentes et de l’échange d’informations, OSPAR vise à garantir que les dérogations à l’interdiction d'immersion restent exceptionnelles. Ces mesures collectives devraient réduire davantage tous les effets négatifs pouvant résulter des activités pétrolières et gazières dans la zone maritime d'OSPAR, cependant les risques de déversements et de pollution sonore, lumineuse et chimique provenant des activités pétrolières et gazières restent préoccupants. L’augmentation potentielle des projets de stockage du dioxyde de carbone pour compenser les émissions de carbone des industries à forte intensité de carbone dans la zone d'OSPAR nécessitera aussi une plus grande attention de la part des Parties contractantes d'OSPAR.

On a réussi à prévenir la pollution par les substances radioactives

Le QSR 2023 montre que l’application des mesures d'OSPAR a permis de produire des réductions progressives et substantielles des rejets radioactifs du secteur nucléaire au cours de la période de 1995 à 2018. Les rejets de radionucléides naturels du sous-secteur pétrolier et gazier sont essentiellement restés inchangés ou ont légèrement diminué. Globalement, les Parties contractantes ont réalisé des progrès notables vers la réalisation du but ultime d'OSPAR, qui est d'atteindre des concentrations dans l’environnement qui sont proches des valeurs ambiantes pour les substances radioactives naturelles, et proches de zéro pour les substances radioactives artificielles. L’Évaluation thématique concernant les substances radioactives conclut que les concentrations environnementales des radionucléides indicateurs présents dans la zone maritime d'OSPAR n’ont pas d’impact radiologique significatif sur les humains ou le milieu marin. L’objectif d’OSPAR pour l’avenir est d’identifier d’autres possibilités de prévenir les rejets de substances radioactives ou, lorsque cela n’est pas possible, de réduire encore plus ces rejets. OSPAR se consacrera aussi en particulier à mieux comprendre les effets cumulatifs des diverses pressions et les liens entre le changement climatique et les substances radioactives dans la zone maritime d'OSPAR.

Figure 2.1 : Comparaison des rejets alpha et bêta totaux moyens (à l'exclusion du tritium) pour la période de référence 1995-2001 (colonnes noires) et la période d'évaluation 2012-2018 (colonnes grises) pour les différents sous-secteurs nucléaires

Les substances dangereuses sont préoccupantes

Bien que les concentrations de la plupart des substances dangereuses persistant dans l’environnement depuis les introductions passées (connues sous le nom de substances dangereuses du passé) aient diminué, leurs niveaux restent préoccupants dans les Régions Mer du Nord au sens large, Mers celtiques et Golfe de Gascogne et côte ibérique et aussi aux niveaux trophiques supérieurs dans la Région Eaux arctiques. Les restrictions de l’utilisation des substances dangereuses ont été efficaces pour limiter les nouveaux rejets, mais ces substances restent préoccupantes en raison de leur grande stabilité chimique et de leur libération ultérieure à partir des sédiments. L’augmentation des niveaux d’activités humaines et les nouvelles utilisations de la mer et des terres pourraient entraîner une augmentation des apports d’autres substances, dont les impacts sont largement inconnus car on manque de données écotoxicologiques. La pollution par le secteur du transport maritime a diminué en raison de la réglementation sur les émissions de soufre et d’azote et sur les eaux de ballast, des mesures visant à limiter les déchets, des mesures réglementant les installations de réception portuaires, et des actions visant à réduire le risque de pollution par les hydrocarbures. Par contre les rejets accessoires dans l’eau par les systèmes d’épuration des gaz d’échappement sont en augmentation. En outre, on signale des augmentations des rejets du secteur de l’aquaculture, industrie en croissance rapide, et il est probable que des médicaments sont parmi les substances rejetées. De même, le dragage et l’immersion pourraient continuer de causer des rejets de contaminants. Si une exploitation minière des fonds marins devait avoir lieu dans la zone maritime d'OSPAR, il faudrait étudier le risque d'apport de contaminants supplémentaires.

Figure 2.2 : Étude de cas – le TBT dans les gastéropodes marins

Figure 2.2 : Étude de cas – le TBT dans les gastéropodes marins

La pollution sonore reste une menace

Le bruit sous-marin provenant du transport maritime, des activités pétrolières et gazières (y compris les études sismiques) et, de plus en plus, des activités éoliennes offshore, tant pendant la phase de construction que pendant la phase d’exploitation, est une pression qui continue de s'exercer sur les mammifères marins et d’autres formes de vie marine. Les orientations de l’Organisation maritime internationale (OMI) sur la réduction du bruit lié au transport maritime ont été suivies dans la zone maritime d'OSPAR, mais elles n’ont jusqu'ici pas eu beaucoup d’effet sur les niveaux de bruit. L’incidence et l’intensité de la pollution sonore, qu’il s’agisse de bruit continu provenant principalement du transport maritime ou de bruit impulsif provenant de l’exploration sismique, du battage de piles et d'activités militaires, devraient augmenter dans l’Atlantique du Nord-Est. Pour cette raison, OSPAR s’est engagée à produire un Plan d’action régional comportant des mesures qui visent à réduire plus efficacement le bruit.

L’eutrophisation persiste

L’apport de nutriments issus de l’agriculture, de l’aquaculture, des eaux usées provenant de sources ponctuelles telles que les émissaires et les rejets fluviaux, du ruissellement à partir des terres et des retombées atmosphériques, continue de causer une eutrophisation dans certaines Régions d'OSPAR. L’eutrophisation des eaux côtières nuit à la productivité marine, à la composition des communautés, à la structure du réseau trophique et à la capacité de charge des écosystèmes, elle fait diminuer la qualité de l’eau et les valeurs esthétiques des zones côtières et peut menacer la santé humaine. En réponse, les Parties contractantes d'OSPAR ont déployé des efforts considérables pour réduire les apports de nutriments dans le milieu marin, en particulier ceux provenant de sources agricoles, des eaux usées municipales et de sources industrielles et atmosphériques. Cela a conduit à une amélioration constante dans les Régions d'OSPAR les plus touchées, cependant les progrès réalisés dans la lutte contre l’eutrophisation ne se sont pas maintenus au même rythme que lors de la période d’évaluation précédente (2000-2010). L’eutrophisation persiste dans les panaches fluviaux et dans certaines zones côtières, et dans certains bassins hydrographiques, les apports de nutriments ont même augmenté. Les Parties contractantes restent attachées à la lutte contre la pollution par les nutriments provenant de sources ponctuelles et d'apports fluviaux et atmosphériques, même si cela devient plus difficile, en particulier si le changement climatique exacerbe les effets de l’eutrophisation. A cet égard, il devient de plus en plus important de fixer des cibles de réduction des nutriments qui reflètent la façon dont le changement climatique pourrait exacerber les effets de l’eutrophisation. Des moyens de lutte contre l’eutrophisation grâce à des solutions fondées sur la nature, telles que des initiatives visant à protéger et à restaurer les estuaires et les zones humides qui filtrent les nutriments, seront explorés et adoptés au besoin.

Les niveaux des déchets marins restent élevés malgré des signes d’amélioration

 

Globalement, les quantités de déchets marins dans la zone maritime d'OSPAR restent élevées, cependant on a vu une diminution statistiquement significative des déchets plastiques sur les plages dans la plupart des Régions d'OSPAR et une diminution des déchets flottants en mer du Nord. Parallèlement à cela, la consommation annuelle de plastique par habitant dans les pays d'OSPAR a augmenté, avec des niveaux records de 100 kg en Europe occidentale, ce qui souligne que le traitement des déchets pourrait avoir un impact sur les niveaux de pollution marine. Selon les estimations, l’apport annuel de microplastiques dans les bassins hydrographiques d'OSPAR a été en moyenne de plus de 0,3 Mt, les sources terrestres les plus importantes étant l’usure des pneus et la dégradation des déchets. En outre, les déchets provenant de la pêche (déchets solides, y compris les déchets de taille microscopique et les engins de pêche abandonnés, perdus et jetés), de l’aquaculture, du transport maritime, de la navigation de plaisance et des industries offshore continuent de menacer les espèces et les habitats marins, particulièrement dans certaines Régions d'OSPAR. Le Plan d’action régional d'OSPAR sur les déchets marins de 2014 (PAR-ML), dans lequel sont énoncés des engagements à promouvoir les pratiques de prévention et de gestion des déchets qui ont un effet significatif sur les déchets marins, à encourager la recyclabilité et la réutilisation des produits en plastique, à évaluer des instruments visant à réduire l'utilisation d'articles à usage unique, et à réduire les apports de microplastiques, a été largement mis en œuvre. Cependant, il est clair que, malgré les progrès réalisés pour empêcher les plastiques de pénétrer dans le milieu marin, il reste encore beaucoup à faire, comme en témoigne le deuxième Plan d’action régional pour la prévention et la gestion des déchets marins, adopté en 2022.

Les introductions de nouvelles espèces non indigènes (ENI) semblent avoir diminué 

Le taux d’introduction de nouvelles ENI semble avoir diminué régulièrement au cours de la période d’évaluation, toutefois la tendance est incertaine en raison des différences entre les activités de surveillance à l'échelle nationale et du délai dans la notification. Ces incertitudes concernant l'effort de surveillance et le moment de la communication des données pour l’évaluation pourraient signifier que le taux d’introduction est plus élevé que celui produit par l'évaluation couvrant cette période. Bien que les données suggèrent que les diverses mesures de gestion adoptées depuis le QSR 2010 sont en train de produire un effet positif, le taux annuel d’introduction reste élevé. Les ENI continuent d’avoir un impact sur les écosystèmes marins dans la zone maritime d'OSPAR, par le biais des poissons d'élevage échappés, d’introductions accidentelles par les eaux de ballast et de la biosalissure des navires utilisés pour le transport maritime. Les ENI terrestres ont également un impact sur les oiseaux de mer, en particulier dans les colonies reproductrices insulaires. Le changement climatique pourrait inverser toute tendance à la baisse des introductions d'ENI ou accélérer le déplacement des espèces indigènes par les ENI. En conséquence, OSPAR s’est fixé pour but de permettre une détection rapide des ENI, et a créé un groupe conjoint avec HELCOM pour aligner les efforts de surveillance concernant l’introduction des ENI. Des investissements supplémentaires dans les méthodes et les technologies d’atténuation seront nécessaires, ainsi que des mesures visant à maximiser la santé des écosystèmes marins face à de nombreuses autres pressions, en réduisant ainsi le risque que des espèces introduites ne deviennent envahissantes.

Figure 2.3 : Tendances des introductions d’espèces non indigènes (ENI) dans l’Atlantique du Nord-Est

Figure 2.3 : Tendances des introductions d’espèces non indigènes (ENI) dans l’Atlantique du Nord-Est

Des progrès limités ont été accomplis vers l'objectif de mers biologiquement diverses

Malgré des améliorations dans certaines populations de poissons, beaucoup ne sont pas en bon état

Le QSR 2023 est l'évaluation intégrée la plus complète de l'état des espèces de poissons réalisée par OSPAR à ce jour, et c'est la première à prendre en compte les stocks halieutiques commerciaux. Malgré de nouveaux signes de rétablissement de certains stocks halieutiques, la dernière évaluation montre que les objectifs d'OSPAR, qui étaient de parvenir à ce que 80 % des stocks/espèces soient en bon état, n’ont pas été atteints pour les poissons côtiers, démersaux ou pélagiques dans les Régions Mer du Nord au sens large, Mers celtiques et Golfe de Gascogne et côte ibérique, et qu'ils n’ont pas été atteints non plus pour les espèces d’eau profonde dans ces Régions et dans la Région Atlantique au large. Les règlements de gestion des pêches de la politique commune de la pêche de l’UE, de la Commission des pêches de l’Atlantique du Nord-Est (CPANE) et des organismes nationaux responsables de la gestion des pêches ont réussi à limiter l'exploitation de certains stocks halieutiques commerciaux à des niveaux durables, mais de nombreux stocks sont encore exploités de manière non durable. Les captures accessoires et la nécessité de mieux intégrer la fonction écosystémique dans la gestion des pêches viennent s'ajouter à la liste des préoccupations. Bien que cela puisse sembler contredire l’Évaluation intermédiaire de 2017, selon laquelle les mesures de gestion des pêches commençaient à avoir un effet positif sur les communautés de poissons, les deux évaluations ne sont pas comparables. Pour évaluer l’état général des poissons dans le cadre du QSR 2023, on a intégré l’indicateur commun d'OSPAR sur le rétablissement des populations d’espèces de poissons sensibles et des évaluations tierces des stocks halieutiques commerciaux, produites par le CIEM et la CICTA. Pour sa part, OSPAR s’est concentrée sur une liste de 22 espèces de poissons considérées comme menacées et/ou en déclin dans l’Atlantique du Nord-Est ; le QSR 2023 montre que la majorité de ces espèces est encore en mauvais état. En plus d’autres pressions, comprenant non seulement la pêche mais aussi les apports de nutriments et de contaminants, les effets du changement climatique et de l’acidification des océans sont en train de modifier la distribution et l’abondance des poissons et affectent les réseaux trophiques, et pourraient entraver le rétablissement des populations de poissons menacées.

Figure 2.4 : État des populations de poissons dans l’Atlantique du Nord-Est

Figure 2.4 : État des populations de poissons dans l’Atlantique du Nord-Est

Les habitats benthiques continuent d’être endommagés

Les habitats benthiques comprennent le biote vivant sur le fond marin. La zone maritime d'OSPAR abrite une grande diversité d’habitats benthiques. Aux endroits où ils sont évalués, dans les Régions Mer du Nord au sens large, Mers celtiques, et Golfe de Gascogne et côte ibérique, les habitats benthiques sont déjà impactés par les activités humaines. Les pressions comprennent principalement les perturbations physiques (telles que l’abrasion par le chalutage de fond), la modification du substrat (par exemple par l’extraction de sédiments ou la mise en place d’infrastructures artificielles), la pollution chimique (nutriments et enrichissement organique ou contaminants) et les impacts biologiques (propagation d’espèces non indigènes). La dégradation des habitats benthiques peut entraîner une baisse de la productivité des pêches, des impacts négatifs sur la production aquacole, la perte d’habitats d’alevinage, des impacts négatifs sur le tourisme, des changements dans les réseaux trophiques et une baisse de la qualité de l’eau. Sur les 18 habitats considérés par OSPAR comme menacés et/ou en déclin, tous, sauf un, sont en mauvais état et ne présentent aucun signe d’amélioration dans toutes les Régions d'OSPAR. Certains habitats, tels que les bancs d'huîtres plates européennes et les herbiers marins, présentent aussi une diminution de leur distribution et de leur étendue dans certaines Régions. Il reste des lacunes dans la couverture par les évaluations ; en effet, les dorsales océaniques et les cheminées hydrothermales dans la Région Atlantique au large sont sous-étudiées et la cartographie détaillée des habitats est incomplète. On verra probablement des améliorations dans les tendances à l'avenir, à mesure que les pays mettront en œuvre des actions visant à protéger les habitats préoccupants. Cependant, le changement climatique et l’acidification des océans, ainsi que les tendances croissantes au transfert de la production alimentaire et de la production énergétique des terres vers la mer, vont rendre nécessaire de réduire les pressions exercées sur les habitats benthiques dont la qualité, la fonction et la capacité à fournir des services écosystémiques associés ont été compromises.

Les organismes épibenthiques sessiles et autonomes ne peuvent pas s'écarter du passage des panneaux de chalut et peuvent donc subir des blessures directes et/ou des mortalités. © Shutterstock

Les organismes épibenthiques sessiles et autonomes ne peuvent pas s'écarter du passage des panneaux de chalut et peuvent donc subir des blessures directes et/ou des mortalités. © Shutterstock

Le plancton, qui constitue la base du réseau trophique marin, est impacté dans les habitats pélagiques

Les habitats pélagiques, qui englobent la colonne d’eau océanique, abritent du phytoplancton (algues microscopiques) et du zooplancton (animaux microscopiques). Ces organismes forment la base du réseau trophique marin et permettent l'existence d'espèces qui se trouvent à des niveaux plus élevés dans le réseau trophique, entre autres les poissons, les oiseaux et les mammifères marins. Les habitats pélagiques de la zone maritime d'OSPAR ont connu des changements généralisés au cours des 60 dernières années, les changements récents faisant suite à des tendances à long terme. Les évaluations des indicateurs ont révélé une tendance générale à la diminution de l’abondance et/ou de la biomasse du phytoplancton et du zooplancton à travers les zones océaniques, notamment dans une grande partie de la Région Golfe de Gascogne et côte ibérique, et on a vu des changements plus complexes dans les Régions Mer du Nord au sens large et Mers celtiques. La biomasse phytoplanctonique a diminué dans une grande partie de la zone maritime d'OSPAR, probablement en raison de changements généralisés dans la dynamique de la colonne d’eau et la disponibilité des nutriments, sous l'effet du changement climatique ainsi que des réduction des apports de nutriments. Les larves planctoniques d’invertébrés benthiques, tels que les crabes et les oursins, ont augmenté en abondance, probablement en raison de l’augmentation de la température de la mer. En revanche, d’autres zooplanctons qui apportent le lien crucial entre la production primaire et les poissons ont connu des baisses d’abondance à long terme, qui pourraient se refléter à des niveaux plus élevés du réseau trophique. Les habitats pélagiques subissent des pressions telles qu'une augmentation de la température de la mer et des modifications de l'hydrographie résultant du changement climatique, des changements dans la disponibilité des nutriments, et l’introduction d’espèces non indigènes. La poursuite des tendances à long terme mises en évidence dans les communautés planctoniques pour la période d’évaluation actuelle devrait avoir une incidence sur les réseaux trophiques marins et les services écosystémiques fournis par les habitats pélagiques.

Figure 2.5 : État des habitats pélagiques dans l’Atlantique du Nord-Est

Figure 2.5 : État des habitats pélagiques dans l’Atlantique du Nord-Est

Les oiseaux de mer sont encore en difficulté

De nombreuses espèces d’oiseaux de mer dans la zone maritime d'OSPAR sont encore en difficulté. Les évaluations ont montré que la plupart des oiseaux de mer ne sont pas en bon état – seules certaines espèces de canards et d’oies dans les Régions Eaux arctiques, Mers celtiques et Mer du Nord au sens large se sont avérées être en bon état. La situation générale dans l’ensemble de la zone maritime d'OSPAR ne s’est pas améliorée depuis l'avertissement produit par l’Évaluation intermédiaire de 2017 concernant l’état des oiseaux de mer. L'évaluation a indiqué que parmi les neuf espèces figurant sur la Liste OSPAR des espèces menacées et/ou en déclin, le puffin des Baléares, la mouette tridactyle, le goéland brun et le guillemot de Brünnich (également connu sous le nom de marmette de Brünnich) sont encore en déclin, malgré la mise en place des mesures recommandées pour faire face aux multiples pressions qu'ils subissent. En outre, la population reproductrice du guillemot de Troïl dans la zone ibérique s’est éteinte peu de temps après son inscription sur la liste. La plupart des oiseaux de mer n’étaient déjà pas en bon état en 2010, mais dans la présente évaluation, on a vu une détérioration supplémentaire pour de nombreuses espèces, avec des diminutions généralisées de la productivité de reproduction et de l’abondance des populations dans toutes les Régions d'OSPAR. Le changement climatique est le principal facteur responsable ; en effet, il impacte l’approvisionnement alimentaire, en venant s'ajouter à des pressions sous-jacentes telles que les captures accessoires, les collisions, la prédation par des espèces non indigènes (ENI) terrestres telles que les rats et les visons, la perte d’habitats et la perturbation par les activités humaines. Certains groupes d’oiseaux de mer sont particulièrement vulnérables, notamment les espèces de prédateurs supérieurs qui sont impactées par la faible disponibilité des proies et les oiseaux de rivage qui subissent les effets des changements dans les habitats induits par le changement climatique. Les actions collectives d'OSPAR ont renforcé la base de connaissances concernant les espèces d’oiseaux figurant sur la liste et leur état, et les travaux d’OSPAR sur les oiseaux de mer ont conduit à des actions de conservation au niveau national. Les zones côtières protégées et les Aires marines protégées (AMP) ont atténué certaines des pressions qui touchent ces espèces d’oiseaux. Cependant, il est clair que le réseau actuel d’aires protégées pourrait ne pas être suffisant pour sauvegarder l’habitat essentiel des oiseaux de mer qui subissent ces pressions.

Figure 2.6 : État des oiseaux de mer dans l’Atlantique du Nord-Est

Figure 2.6 : État des oiseaux de mer dans l’Atlantique du Nord-Est

Même si certaines espèces sont en rétablissement, de nombreux mammifères marins restent vulnérables

Des pressions considérables se sont exercées dans le passé, et continuent de s'exercer sur les mammifères marins, sous l'effet de causes naturelles et d’activités humaines, et cela a produit une évaluation indiquant qu'un grand nombre de populations et d'espèces sont en mauvais état. De nombreuses pressions existent encore à grande échelle aujourd’hui, telles que les captures accessoires et la pollution chimique, ou sont de plus en plus préoccupantes, telles que le bruit, la perte d’habitats ou la dégradation d’habitats. Les mammifères marins ont généralement des aires de distribution étendues et certaines espèces sont très rares ou hautement cryptiques, ce qui rend leur surveillance difficile. Quoi qu'il en soit, les évaluations concernant les mammifères marins réalisées dans le cadre de ce QSR révèlent que de nombreuses espèces et populations (y compris tous les cétacés) ne sont pas en bon état, avec des améliorations limitées par rapport aux évaluations précédentes. D’un autre côté, les phoques gris, en rétablissement après des extinctions locales dans le passé, se sont avérés en bon état dans les Régions Mer du Nord au sens large et Mers celtiques, contrairement aux phoques communs, dont l'état dans la Région Mer du Nord au sens large n'est « pas bon ». L'état des phoques communs dans la Région Mers celtiques est inconnu en raison d’un manque de données, cependant, pour les sites où des données sont disponibles, leur abondance est en augmentation. Quatre espèces de mammifères marins (baleine bleue, baleine franche noire, baleine franche boréale et marsouin commun) ont été inscrites sur la Liste des espèces menacées ou en déclin dans la zone maritime d'OSPAR. Les Aires marines protégées (AMP) sont un outil jugé utile pour améliorer la protection de ces espèces, et elles font partie d’une réponse de plus grande envergure visant à protéger les mammifères marins. Cependant, les lacunes dans le réseau OSPAR d’aires protégées pour les mammifères marins indiquent clairement qu'il serait possible de développer davantage le réseau à l'avenir et de le gérer plus efficacement. À ce jour, il existe peu de preuves que les mesures prises pour protéger et améliorer l’état des populations de mammifères marins ont été efficaces.

Figure 2.7 : État des mammifères marins dans l’Atlantique du Nord-Est

Figure 2.7 : État des mammifères marins dans l’Atlantique du Nord-Est

Nous savons relativement peu de choses sur l'état des tortues de mer

La présente évaluation d'état a été réalisée à partir de données limitées (tant sur le plan spatial que temporel), et les tendances des populations ne peuvent être déterminées de manière fiable. Des données limitées sur les populations ont été produites par l’évaluation de l’indicateur « Déchets ingérés par les tortues de mer » qui a été réalisée pour le QSR, concernant la Région Golfe de Gascogne et côte ibérique. Les observations de tortues de mer dans la zone maritime d'OSPAR semblent indiquer que les nombres de tortues caouannes recensées, en particulier les juvéniles dans la Région Atlantique au large, sont en légère augmentation, tandis que les nombres de tortues luths semblent diminuer légèrement dans les Régions Mer du Nord au sens large, Mers celtiques, et Golfe de Gascogne et côte ibérique. Ces deux espèces sont menacées par les prises accessoires dans les pêches et par les déchets marins dans la zone maritime d'OSPAR, et à plus grande échelle, d'après des analyses des populations menées à travers le monde, leurs populations sont en déclin dans l’Atlantique Nord. Les impacts du changement climatique pourraient bien accélérer ces déclins à l’avenir, en risquant ainsi de contrecarrer les progrès réalisés par OSPAR pour sauvegarder les tortues de mer et leurs habitats. Il sera possible de mieux comprendre la situation à l’avenir, car OSPAR est sur le point d’améliorer son suivi de l'état des tortues de mer en adoptant deux indicateurs supplémentaires pour les évaluations futures.

Tortue luth © Shutterstock

Tortue luth © Shutterstock

L’état des réseaux trophiques marins est très préoccupant

Les réseaux trophiques comprennent les organismes qui font partie d’une communauté, leurs rapports, et le transfert d’énergie à travers les chaînes alimentaires. OSPAR utilise un certain nombre d’indicateurs pour suivre et modéliser les changements qui surviennent dans les réseaux trophiques marins. Le changement climatique, la pêche et la pollution, en particulier les changements dans les niveaux de nutriments, représentent les principales pressions humaines affectant les réseaux trophiques dans les écosystèmes marins d'OSPAR. Les changements dans la disponibilité des nutriments impactent les producteurs primaires (phytoplancton) ainsi que des organismes situés à des niveaux trophiques plus élevés ; par ailleurs, les pêches, le transport maritime et les infrastructures maritimes peuvent avoir un impact sur les espèces clés et modifier la structure et la dynamique des réseaux trophiques. Au cours des dernières décennies, on a vu des différences entre les états et les tendances des composantes des réseaux trophiques d'une Région d'OSPAR à l'autre. Par exemple, la structure des communautés de poissons démersaux n’a pas atteint un bon état dans les Régions Mer du Nord au sens large et Mers celtiques, tandis que la Région Golfe de Gascogne et côte ibérique n'a présenté aucun changement évident. Cependant, on a vu des signes de rétablissement chez des prédateurs supérieurs et des mésoprédateurs de communautés démersales dans la Région Golfe de Gascogne et côte ibérique. Aucun changement détectable ne semble s’être produit dans les communautés de poissons démersaux de la Région Atlantique au large ; toutefois, une étude pilote pour laquelle on a modélisé la dynamique des réseaux trophiques autour des Açores suggère des tendances à la baisse de la biomasse à tous les niveaux, ce qui pourrait indiquer une diminution de la résilience des écosystèmes, ou bien que des espèces se déplacent vers le nord. Bien que de nombreuses mesures d'OSPAR puissent contribuer à la santé des réseaux trophiques, OSPAR n’a pas adopté de mesures spécifiques ayant pour objectif explicite de soutenir l’état, la fonction ou la résilience des réseaux trophiques. Néanmoins, il existe plusieurs exemples de mesures qui tentent explicitement de maintenir ou de restaurer le fonctionnement et la résilience des écosystèmes en sauvegardant les réseaux trophiques, entre autres le réseau OSPAR d'AMP. En examinant plus avant les impacts anthropiques sur la dynamique des réseaux trophiques et la perte de services écosystémiques ainsi causée, on devrait mettre en évidence des mesures supplémentaires qui pourraient être prises pour maintenir la productivité et l'équilibre des réseaux trophiques.

Figure 2.8 : État des réseaux trophiques marins dans l’Atlantique du Nord-Est

Figure 2.8 : État des réseaux trophiques marins dans l’Atlantique du Nord-Est

Le changement climatique et l'acidification des océans sont des forces motrices qui entraînent des changements majeurs

Les effets du changement climatique sont clairement mesurables

Le changement climatique est en train de causer un réchauffement des océans, une diminution des teneurs en oxygène, des vagues de chaleur marines et une élévation du niveau de la mer, avec de nombreux autres impacts connexes sur les écosystèmes marins et les services qu’ils fournissent. Le changement climatique déclenche également des changements généralisés dans le cycle de l’eau et il est en train de modifier la stratification et la circulation océaniques. Ces changements dans les conditions physiques et chimiques du milieu marin affectent les espèces marines dans l’ensemble de la zone maritime d'OSPAR, avec des variations régionales et locales de ces pressions. La cause profonde est à l'échelle mondiale, mais les effets, tels que l’intensification des tempêtes, les risques accrus d’inondations et les perturbations des régimes pluviométriques, se font sentir à une échelle plus locale. On voit des variations régionales dans la vitesse de ces changements, par exemple l'augmentation de la température de la mer est plus rapide dans la région arctique. Ces effets localisés peuvent déclencher des changements dans d’autres régions, par exemple lorsque les pertes de glace de mer dans l'Arctique ont un effet sur la position et la force de vents forts tels que le tourbillon polaire et le jet-stream, pouvant alors produire des conditions météorologiques extrêmes aux latitudes moyennes. L’élévation du niveau de la mer et les changements dans la fréquence et l’intensité des tempêtes les plus fortes devraient avoir un impact plus important sur les régions de faible altitude des pays d'OSPAR. Le risque climatique qui finit par être créé, une combinaison de vulnérabilité et d’exposition, apparaît à une échelle beaucoup plus locale, nécessitant une réponse nationale. Bien qu’OSPAR n'ait pas encore agréé d’indicateurs qui permettraient de réaliser une évaluation régionale des effets du changement climatique, il existe un vaste ensemble de connaissances sur le changement climatique dans l’Atlantique Nord, qui apporte des preuves des effets, notamment les changements de la distribution des espèces liés au réchauffement, les modifications des interactions trophiques, les changements de la productivité et l’élévation du niveau de la mer.

L’acidification des océans met les écosystèmes marins encore plus en danger

L’acidification des océans touche toute la zone maritime d'OSPAR, bien que la vitesse du changement varie d’une région à l’autre. Cette acidification a lieu parce qu’au moins un quart du CO2 libéré dans l’atmosphère par les activités humaines est absorbé par les océans, où il modifie la chimie du carbone en augmentant l’acidité et en réduisant la disponibilité des ions carbonate. Ce changement dans l’environnement chimique impacte les organismes marins, avec des effets directs en particulier sur les habitats calcaires et les organismes calcifiants, et des conséquences indirectes sur des écosystèmes marins tout entiers. Les réponses politiques visant à lutter contre l’acidification des océans devront être examinées soigneusement, en particulier lorsque des mesures potentielles de lutte contre le changement climatique pourraient exacerber l’acidification des océans. Par exemple, les fuites potentielles à partir des sites de stockage du dioxyde de carbone ou les approches visant à accroître l’absorption de CO2 atmosphérique par les océans, telles que la fertilisation par le fer, pourraient intensifier l’acidification des océans. Les réponses devront également tenir compte des impacts cumulatifs du changement climatique et de l’acidification des océans et des répercussions sur la biodiversité, afin d’éviter toute conséquence imprévue des mesures d’atténuation du changement climatique.

Quelles sont les mesures prises par OSPAR ?

OSPAR met en œuvre la Stratégie pour le milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est à l’horizon 2030

En 2021, les ministres des Parties contractantes d'OSPAR et le Commissaire à l’environnement, aux océans et à la pêche de la Commission européenne ont agréé une nouvelle stratégie ambitieuse pour le milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est (NEAES), qui définit les objectifs stratégiques et opérationnels d’OSPAR pour la période allant jusqu’à la fin de 2030. La stratégie décrit comment OSPAR s’attaquera au triple défi auquel l’océan se trouve confronté : la perte de biodiversité, la pollution et le changement climatique. Sa mise en œuvre fait partie de la contribution d’OSPAR à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies et de ses Objectifs de développement durable, ainsi que des cibles définies dans le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal de la Convention sur la diversité biologique (CDB). La mise en œuvre de la Stratégie OSPAR permettra de s'attaquer à un grand nombre des problèmes mis en évidence dans le QSR 2023. Les données probantes présentées dans le QSR 2023 serviront à éclairer un réexamen de la Stratégie en 2025 et à la mettre à jour au besoin. 

OSPAR surveille les activités humaines et les mesures visant à en atténuer les impacts

OSPAR a élargi la portée de sa surveillance des activités humaines ainsi que des pressions et des impacts qu'elles produisent, et des mesures prises pour y faire face. Les mesures collectives d'OSPAR ont produit des améliorations. Par exemple, on a vu une diminution appréciable des déchets sur les plages dans la plupart des Régions d'OSPAR, certaines espèces et certains habitats sont en rétablissement, et le réseau OSPAR d’AMP est en expansion. Les Parties contractantes d'OSPAR prennent aussi des mesures nationales et internationales qui contribuent à la réalisation des objectifs d’OSPAR : une proportion de plus en plus importante des stocks halieutiques commerciaux est exploitée à des niveaux compatibles avec le rendement maximal durable (RMD) ; la pollution atmosphérique due au transport maritime a diminué (avec cependant une augmentation des rejets dans l’eau provenant des systèmes d’épuration des gaz d’échappement), tout comme les incidents de pollution par les hydrocarbures. Pour certaines activités (p. ex. l'extraction de sable et de gravier, l'aquaculture), les mesures de gestion sont bien établies, bien que des lacunes subsistent dans les connaissances. Néanmoins, ces mesures n’ont pas suffisamment réduit toutes les pressions importantes. Par exemple, les apports de nitrates et de phosphore provenant de l’agriculture et des eaux usées restent une cause d’eutrophisation dans certaines régions. Certains aspects de l’écosystème subissent aussi des effets négatifs des pêches, entre autres les espèces menacées et en déclin qui sont impactées par les captures accessoires, et les communautés benthiques qui subissent des pressions exercées par le chalutage de fond. De plus, les mesures prises pour réduire le bruit lié au transport maritime n’ont jusqu'ici pas eu beaucoup d’effet sur les niveaux de bruit. Dans certains cas, par exemple le développement à grande échelle des énergies renouvelables offshore qui devrait avoir lieu à l'avenir, l’élaboration de mesures de gestion et l’évaluation de leur efficacité, ainsi que l’analyse des impacts cumulatifs, sont des activités relativement nouvelles. L’appréciation de l’efficacité des mesures de gestion (en termes de réduction des pressions environnementales et de rapport coût-efficacité) nécessite une évaluation sur de nombreuses années et une approche équilibrée de l’évaluation cumulative, et cela restera un domaine important dans lequel développer les capacités d'OSPAR à l’avenir.

Activités humaines surveillées dans le cadre d'OSPAR et liens vers les données

Énergie renouvelable offshore Immersion et placement de déchets et autres matières en mer (Matériaux de dragage)

Découvertes des munitions chimiques et conventionnelles    Bruit    Surveillance des déchets sur les plages

Pêche aux déchets    Déchets ingérés par les tortues de mer

Déchets sur le sol marin    Particules plastiques dans l’estomac des oiseaux de mer

OSPAR soutient les réglementations nationales sur les polluants et les mesures visant à atténuer les impacts des activités humaines

Des réglementations de lutte contre la pollution ont été promulguées dans toutes les Régions. Les mesures de contrôle des pressions exercées par le transport maritime comprennent des réglementations visant à limiter les émissions d’azote et de soufre, la pollution par les hydrocarbures, les rejets d’eaux de ballast et la biosalissure. On voit maintenant une meilleure compréhension et une meilleure mise en œuvre des mesures visant à atténuer les pressions exercées par la pollution provenant de l’aquaculture, avec entre autres une meilleure modélisation des impacts, et des normes visant à limiter les évasions de poissons d’élevage et les infestations par les poux de mer. Les réformes que les Parties contractantes d'OSPAR prévoient d'apporter à la politique agricole s’appuient sur des mesures existantes et incitent à réduire davantage les pressions exercées par la pollution, telles que les rejets de nutriments conduisant à l’eutrophisation ainsi que les rejets de pesticides. De nombreuses mesures ont été introduites pour réduire les déchets plastiques, avec entre autres des restrictions concernant certains articles en plastique à usage unique et des améliorations dans la gestion des engins de pêche, de nouvelles dispositions pour les installations de réception portuaires, et des mesures pour lutter contre la pollution par les microplastiques. L’évaluation environnementale et l’octroi de permis pour les installations éoliennes offshore prennent en compte des aspects tels que l’emplacement des éoliennes (p. ex. pour évaluer les risques de déplacement des oiseaux et de collision) et la réglementation du bruit de construction et d’exploitation.

Pou du saumon © Wikimedia

Pou du saumon © Wikimedia

OSPAR identifie les espèces et habitats préoccupants et oriente des actions stratégiques visant à les sauvegarder

OSPAR a identifié, dans la « Liste OSPAR des espèces et habitats menacés et/ou en déclin », des espèces et habitats prioritaires nécessitant une action collective d'urgence. Il s’agit notamment de 9 espèces d’oiseaux de mer particulièrement préoccupantes dans l’Atlantique du Nord-Est, pour lesquelles ont été formulées des recommandations sur les actions à prendre par les Parties contractantes pour les protéger et les conserver. Quatre espèces de mammifères marins ont été inscrites sur la liste des espèces menacées ou en déclin dans la zone maritime d'OSPAR et des Recommandations visant à protéger ces espèces ont été adoptées entre 2010 et 2014. OSPAR a également inscrit sur la liste et suit l'état de 2 espèces de tortues, 5 espèces d’invertébrés et 22 espèces de poissons. En outre, OSPAR a travaillé avec d’autres autorités compétentes pour incorporer des données sur l’état de stocks halieutiques commerciaux. Bien que la gestion des pêches ne fasse pas partie du mandat d’OSPAR, il lui incombe d’évaluer les effets environnementaux des pêches, et OSPAR travaille en coopération avec d’autres organismes compétents pour mener des évaluations approfondies des populations de poissons. Les habitats ont également été classés et évalués. Par exemple, des évaluations des habitats benthiques à l’échelle d’OSPAR ont été réalisées assez récemment : 18 habitats benthiques préoccupants ont déjà été identifiés et font l’objet d’évaluations d'état réalisées pour permettre de mieux comprendre les actions à prendre pour les protéger ou les restaurer. Cependant, les habitats éloignés et d'eaux profondes restent sous-étudiés, et il va falloir les surveiller et les évaluer davantage pour compléter le tableau de la situation dans la zone maritime d'OSPAR.

OSPAR étend le réseau OSPAR d’AMP

La Recommandation OSPAR de 2003 sur l'établissement d'un réseau d'AMP écologiquement cohérent et bien géré a catalysé la création d'un réseau d’Aires marines protégées (AMP) en expansion. En octobre 2021, le réseau OSPAR d’AMP comptait 583 AMP, dont 8 désignées collectivement dans des Zones situées au-delà de la juridiction nationale (ABNJ). Collectivement, les AMP couvrent une superficie totale de 1 468 053 km2, soit 10,8 % de la zone maritime d'OSPAR. Globalement, des informations de gestion complètes ou partielles sont disponibles pour 88 % des AMP d'OSPAR. En désignant comme AMP plus de 10 % des eaux marines et côtières, OSPAR a atteint la composante de couverture spatiale de l'Objectif 11 d'Aichi relatif à la biodiversité adopté par la Convention sur la diversité biologique (CDB) des Nations Unies, ainsi que l’Objectif de développement durable 14, cible 14.5, visant à conserver au moins 10 % des zones côtières et marines d’ici à 2020. OSPAR est aussi en train d'identifier les obstacles à une gestion efficace des AMP et, d’ici à 2024, prendra des mesures pour y remédier comme il convient afin de permettre à toutes les AMP d'OSPAR d’atteindre leurs objectifs de conservation. Les aires protégées offrent une protection aux habitats benthiques répertoriés par OSPAR comme étant particulièrement préoccupants, ainsi qu’à des espèces menacées d’oiseaux de mer, de mammifères et de tortues. OSPAR avance vers la réalisation de paramètres clés de mesure de la protection par zone, cependant il existe encore des lacunes dans la couverture géographique (en particulier dans la Région Eaux arctiques d'OSPAR) et dans la cohérence écologique. OSPAR reste néanmoins fermement résolue à atteindre l’objectif de couverture de 30 % par les AMP d’ici à 2030 et continuera à œuvrer pour une gestion efficace d’un réseau écologiquement cohérent, comme il a été proposé dans la NEAES 2030, adoptée en 2021, et dans le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, préparé par la CDB et adopté en 2022.

Figure 2.9 : Protection des zones au-delà de la juridiction nationale

Figure 2.9 : Protection des zones au-delà de la juridiction nationale

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