3. Points Positifs
Cette partie du QSR 2023 met en exergue plusieurs exemples où l'on voit des signes d’amélioration et quelques-unes des mesures positives prises par OSPAR pour améliorer ses évaluations. Ces « points positifs » montrent non seulement que les actions d’OSPAR sont capables d'avoir un effet positif qui peut aider à réduire les pressions et à améliorer l’état du milieu marin, mais aussi que c'est effectivement le cas. Ils démontrent en outre combien il est utile de travailler ensemble pour produire de meilleures méthodologies d’évaluation, innovantes et plus efficaces. Bien que les cibles fixées par OSPAR pour parvenir à un milieu marin sain ne soient pas encore pleinement atteintes, ces points montrent les issues positives qui peuvent résulter d'engagements partagés et d'une collaboration régionale.
1. Les actions d'OSPAR ont aidé à faire diminuer les niveaux de substances dangereuses pénétrant dans la mer
Sous le contrôle d'OSPAR, on a vu diminuer de nombreux polluants.
Les apports fluviaux de mercure ont diminué à peu près de moitié entre 1990 et 1995 et entre 2010 et 2014 dans les Régions Mer du Nord au sens large, Mes celtiques et Golfe de Gascogne et côte ibérique, et ils ont continué de diminuer lentement depuis. Au cours de la même période, les apports atmosphériques totaux ont diminué d’environ un tiers (Figure 3.1). Cette diminution est indiquée par les concentrations de mercure dans les sédiments.
Figure 3.1 : Estimation des apports totaux de mercure (par voie hydrique, en bleu ; atmosphériques, en jaune) dans les Régions I à IV d'OSPAR durant les périodes 1990-1995, 2010-2014 et 2015-2019. Les valeurs sont exprimées en tonnes.
L’interdiction mondiale du tributylétain (TBT), un biocide utilisé pour prévenir la biosalissure des coques des navires, a été une victoire majeure dans la lutte contre la pollution par des produits chimiques nocifs. L’un des impacts du TBT est une réduction de la fertilité des escargots de mer femelles, un phénomène qui s'appelle l'imposex ; les populations d’escargots situées à proximité des grandes voies de navigation et des ports ont été gravement touchées. Des diminutions significatives de l’occurrence de l’imposex ont été observées dans les Régions Mer du Nord au sens large, Mers celtiques, et Golfe de Gascogne et côte ibérique (Figure 3.2).
Figure 3.2 : Diminution de l’imposex. Pourcentage de stations dans les Régions II à IV classées comme ayant des niveaux « au niveau ambiant » (inférieurs à la BAC), entre la BAC et l'EAC (avec la mention « inférieurs à l'EAC »), et supérieurs à l'EAC. BAC = Teneur ambiante d'évaluation (Background assessment concentration), EAC = Critère d’évaluation environnementale (Environmental assessment criterion). Les pourcentages indiqués correspondent à chaque année.
2. L'engagement d'OSPAR à réduire de moitié les apports de nutriments a permis d'améliorer l'état d'eutrophisation
Depuis 1988, OSPAR s’est engagée à réduire de moitié la pression exercée par les apports excessifs de nutriments en mer provenant de sources terrestres. Pour les Régions I à IV de la zone maritime d'OSPAR, le changement le plus important des apports d’azote a résulté de réductions des retombées atmosphériques d’azote, notamment les NOx, qui ont diminué d’environ 25 % entre 1990 et 2019 (Figure 3.3).
Les apports de phosphore par voie hydrique dans l’ensemble des Régions I à IV ont diminué de plus de moitié depuis 1990 et continuent de diminuer, tandis que la diminution des apports d’azote par voie hydrique s’est stabilisée.
En conséquence, l’état d’eutrophisation des eaux d'OSPAR s’est amélioré, cet état étant déterminé à partir de la masse totale (biomasse) des producteurs primaires (chlorophylle a) et des teneurs en oxygène près du fond marin (Figure 3.4).
Figure 3.3 : Séries chronologiques des retombées d’azote oxydé (en bleu) et d'azote réduit (en orange) dans toutes les Régions d'OSPAR, indiquant de faibles réductions des retombées d’azote réduit (ammonium) par comparaison avec l’azote oxydé (d'après Gauss et al., 2020).
Figure 3.4: Résultats des évaluations de l’eutrophisation pour deux des quatre périodes de la COMP couvrant une période de 30 ans.
3. Des signes encourageants de diminution des déchets marins dans la zone maritime d'OSPAR
Lors des évaluations réalisées par OSPAR concernant les déchets marins, on a vu des signes positifs, indiquant que les mesures pourraient être en train de produire les effets escomptés. Les quantités des déchets trouvés sur les plages surveillées par OSPAR entre 2015 et 2020, et des déchets flottants en mer du Nord entre 2009 et 2018, ont diminué. La production et l’utilisation du plastique en Europe ont augmenté au cours de cette période. De toute évidence, malgré les progrès réalisés pour empêcher les plastiques de pénétrer dans le milieu marin, les déchets marins restent un problème.
Les Plans d’action régionaux d'OSPAR, adoptés en 2014 et en 2022, démontrent l’intérêt de travailler ensemble dans la lutte contre les déchets marins.
Figure 3.5 : Comptages totaux médians dans les cinq Régions OSPAR pour la période de trois ans allant de 2018 à 2020. Disponible via ODIMS
4. OSPAR a réussi à prévenir la pollution par les substances radioactives
Les concentrations de substances radioactives dans l'environnement sont proches des niveaux historiques dans l’ensemble de la zone maritime d'OSPAR, et on a vu des réductions progressives et substantielles des rejets du secteur nucléaire au cours de la période de 1995 à 2018 (Figure 3.6). Ces résultats sont dus en grande partie à l’engagement et à la coopération dont les Parties contractantes d'OSPAR ont fait preuve en appliquant les Meilleures techniques disponibles (Best Available Techniques(BAT). De plus, il n’y a pas eu d’augmentation des rejets de substances radioactives du sous-secteur pétrolier et gazier.
Figure 3.6 : Comparaison des rejets alpha totaux et bêta totaux moyens pour la période de référence 1995-2001 (colonnes noires) et la période d’évaluation 2012-2018 (colonnes grises) pour les différents sous-secteurs nucléaires.
5. Les actions d’OSPAR ont permis de réduire la pollution issue des secteurs pétroliers et gaziers
Depuis 2010, il y a eu une diminution des rejets de produits chimiques contenant des substances dangereuses et des rejets d'hydrocarbures dans l’eau de production par les installations pétrolières et gazières offshore. Des activités courantes avant 2000, telles que les rejets de déblais de forage à base d'hydrocarbures non traités, ont maintenant cessé, et le niveau de contamination par les hydrocarbures a diminué dans la majeure partie de la zone maritime d'OSPAR.
6. OSPAR prend des mesures pour aider les oiseaux de mer et les mammifères marins
Les oiseaux de mer et les mammifères marins souffrent de l’exploitation qu'ils ont subie dans le passé, des pressions qui s'exercent actuellement sur eux, et des impacts croissants du changement climatique. Cependant, les évaluations détaillées menées dans l’ensemble de la zone maritime d'OSPAR montrent qu’il existe également des points positifs. Les oiseaux herbivores tels que les oies et certaines espèces de canards sont en bon état. De même, certaines populations de phoques gris se portent bien. OSPAR est en train d’élaborer un Plan d’action régional sur les oiseaux de mer, afin de conjuguer ses efforts collectifs pour inverser le déclin à plus grande échelle que l'on voit dans les populations d’espèces d’oiseaux de mer. OSPAR élabore aussi actuellement un Plan d’action régional pour lutter contre le bruit sous-marin, une pression importante qui s'exerce sur les mammifères marins.
7. De moins en moins d’espèces non indigènes arrivent sur nos côtes
Les espèces non indigènes (ENI) sont reconnues comme l’une des plus grandes menaces pour la biodiversité à travers le monde. Le QSR 2023 porte à croire qu’il y a eu une réduction des introductions d'ENI par rapport aux évaluations précédentes d'OSPAR. Les actions d'OSPAR visant à prévenir les introductions d'ENI comprennent l’adoption de la « Procédure harmonisée conjointe », en collaboration avec HELCOM, pour la gestion des eaux de ballast et sédiments des navires.
8. OSPAR s'appuie sur des méthodes innovantes pour surveiller et évaluer l’état d’eutrophisation
L’engagement d’OSPAR à lutter contre les impacts de l’excès de nutriments a catalysé le développement de procédés entièrement nouveaux pour surveiller les apports de nutriments et évaluer l’état d’eutrophisation.
Par exemple, OSPAR a développé l'Outil d'évaluation de l'eutrophisation selon la Procédure commune (COMPEAT). Cet outil déploie de nouvelles zones d’évaluation définies de façon à représenter des zones pertinentes sur le plan écologique, ainsi que des valeurs seuils cohérentes dérivées en utilisant un ensemble de modèles biogéochimiques en 3D, pilotés par des modèles hydrologiques de pointe, pour définir des seuils d’évaluation – un travail qui est probablement unique au monde. Cette méthode d’évaluation des zones à problème d’eutrophisation est plus cohérente que celles utilisées lors des évaluations précédentes, avec lesquelles le résultat de l’évaluation changeait aux frontières des pays (Figure 3.7).
Pour la première fois, la surveillance coordonnée par OSPAR des apports de nutriments par voie hydrique et par voie atmosphérique est associée à des informations provenant d’images satellitaires de la biomasse algale, afin de produire des représentations très précises des tendances de l’eutrophisation et des points chauds d'eutrophisation. Ces informations permettent aux Parties contractantes d’OSPAR de prendre des actions pour réduire les apports de nutriments et diminuer le risque d’eutrophisation.
Figure 3.7 : État d’eutrophisation pour la période de 2015 à 2020, tel que présenté dans COMPEAT. Disponible via: ODIMS
9. Les évaluations les plus ambitieuses d’OSPAR à ce jour, entièrement consacrées au changement climatique et à l’acidification des océans, ont été réalisées dans le cadre du QSR 2023
L’Évaluation thématique concernant le changement climatique et l’Évaluation concernant l’acidification des océans sont les évaluations les plus ambitieuses d'OSPAR à ce jour ; elles sont entièrement consacrées au changement climatique et à l’acidification des océans ainsi qu'à leurs impacts. Elles réunissent des informations sur les changements physico-chimiques dans l’environnement et sur les pressions et impacts résultant du changement climatique et de l’acidification des océans. Il s’agit notamment d'impacts sur la biodiversité, les services écosystémiques et les activités humaines. Avec ces évaluations, on dispose aussi d'une analyse indiquant où en sont les réponses face à l’urgence climatique, nommément l'atténuation, la résilience et l'adaptation.
10. OSPAR travaille en coopération pour améliorer l'état des poissons
Pour le QSR 2023, OSPAR a évalué pour la première fois des espèces de poissons ciblées par les pêches commerciales et des espèces de poissons sensibles non-cibles selon une approche intégrée, afin de décrire l'état général des poissons. Cela n’a été possible que grâce à une collaboration avec d’autres organisations, en particulier la Commission des pêches de l’Atlantique du Nord-Est (CPANE) et le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM). Afin d’améliorer encore l'état des poissons, OSPAR continuera d’approfondir son travail en collaboration avec d’autres autorités.
11. Le réseau d’Aires marines protégées d’OSPAR s’est considérablement étendu, et compte maintenant de nouvelles aires très vastes qui se trouvent dans des zones situées au-delà de la juridiction nationale
OSPAR a élargi son réseau d’Aires Marines Protégées (AMP). Les Parties contractantes travaillent ensemble en permanence pour créer un réseau d’AMP cohérent au niveau régional, destiné à assurer la protection de toutes les espèces et de tous les habitats, mais surtout de ceux qui sont considérés comme menacés ou en déclin.
En octobre 2021, le réseau OSPAR d’AMP comptait 583 AMP, dont 8 désignées collectivement dans des zones situées au-delà de la juridiction nationale (ABNJ). Les AMP d'OSPAR couvrent une superficie totale de 1 468 053 km2, soit 10,8 % de la zone maritime d'OSPAR.
Parmi les succès récents dans ce domaine, on peut citer la très vaste AMP du courant Nord-Atlantique et du bassin maritime d'Evlanov, désignée lors de la Réunion ministérielle d'OSPAR en 2021. Cette AMP couvre une superficie comparable à celle de la France.
12. Nouveaux développements dans les méthodes d’évaluation des habitats pélagiques
Les habitats pélagiques (des environnements en eau libre où vivent le phytoplancton et le zooplancton) sont une composante relativement peu connue et complexe de l’écosystème marin. OSPAR a été la première à évaluer les tendances en matière de productivité, de composition des espèces et de biodiversité, et à établir des liens entre celles-ci et les pressions anthropiques. À l’occasion du QSR 2023, OSPAR a réalisé sa première évaluation intégrée des habitats pélagiques, un grand pas en avant par rapport aux évaluations précédentes.
13. Plusieurs Parties contractantes d'OSPAR prennent des mesures pour protéger les récifs coralliens d’eau froide
L’Atlantique du Nord-Est est un point chaud mondial pour les récifs coralliens d’eau froide. OSPAR a attiré l’attention des autorités compétentes sur l'état général médiocre des récifs de Lophelia pertusa en les inscrivant sur la Liste OSPAR des habitats menacés et/ou en déclin. En réponse, plusieurs Parties contractantes d'OSPAR ont adopté une législation nationale visant à restreindre les activités de pêche dans les zones où ces récifs sont présents, et/ou ont intensifié leurs efforts de cartographie, ce qui a permis de découvrir, puis de protéger, de nouveaux récifs. L’évaluation des récifs de Lophelia réalisée pour le QSR 2023 n’a pas détecté de détérioration supplémentaire, ce qui pourrait être un signe que les mesures de conservation commencent à porter leurs fruits.
Sur la base des conclusions du QSR 2023, OSPAR s’est engagée à élaborer un Plan d’action régional pour les habitats benthiques du plateau continental. Des mesures régionales visant à améliorer l’état de ces habitats dans la zone maritime d'OSPAR seront identifiées dans le cadre de ce plan.
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