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Climat océanique: Conditions prédominantes et changement climatique

Introduction

Ce chapitre se penche sur le climat océanique (conditions prédominantes) de la zone maritime OSPAR et ses modifications dans le temps (2011 à 2015) par rapport aux décennies précédentes. Le climat océanique se caractérise par la température, les glaces de mer, le niveau de la mer, la salinité, les tempêtes et les vagues et le pH des océans. Ce chapitre considère également les modifications à terre, notamment les glaciers et les zones couvertes de neige. En effet, les précipitations et les apports d’eau douce dans le milieu marin, par l’intermédiaire de bassins versants, sont des voies de pénétration importantes des contaminants et des nutriments, ayant des répercussions sur l’accumulation et la productivité dans les écosystèmes marins. Les caractéristiques d’un climat océanique peuvent à la fois exercer des pressions directes sur les écosystèmes et avoir une influence sur les pressions indirectes exercées sur les écosystèmes.

Le climat océanique évolue, soit en réagissant au changement climatique soit dans le cadre de celui-ci. C’est par l’intermédiaire des caractéristiques du climat océanique régional que le réchauffement planétaire et l’acidification des océans ont une influence sur les écosystèmes régionaux d’OSPAR. La température de surface de la mer est l’élément le mieux compris du climat océanique mais il existe toute une gamme d’autres caractéristiques du climat océanique ayant des répercussions sur la biodiversité marine et les contaminants.

 

Température de surface de la mer

2011–2015

Les tendances du réchauffement océanique, lié au changement climatique anthropique, se superposent à la variabilité naturelle pendant des périodes pouvant être interannuelles voire multi–décennales et entre les régions. Il est évident, lorsque l’on étudie les modifications de la température à l’échelle régionale dans l’Atlantique Nord, que ce soit au cours du siècle dernier ou des 30 dernières années, que l’évolution de la température dans un quelconque site particulier ne suit pas une trajectoire de croissance régulière continue. Les archives révèlent de courtes périodes de réchauffement rapide, des périodes subissant peu de changements et des périodes plus fraîches.

On peut constater la différence entre une perspective à court terme et une à long terme en comparant la température moyenne au cours d’une période de cinq ans (2011 à 2015) et celle soit de la décennie précédente (2001 à 2010) soit au cours d’une période de 30 ans (1971 à 2000) (Ligne de base pour le Bilan de santé (QSR) 2010). On peut constater le réchauffement à long terme général dans toutes les régions OSPAR en comparant les conditions actuelles (2011 à 2015) à la moyenne à long terme (1971 à 2000), modèle assez semblable à celui révélé dans le QSR 2010. Le tableau est toutefois différent lorsque cette comparaison est faite avec la dernière décennie (2001 à 2010). La température actuelle dans la mer du Nord au sens large, les mers Celtiques, le golfe de Gascogne et la côte Ibérique est assez semblable ou légèrement inférieure alors que la température de zones étendues de la région de l’Atlantique au large est inférieure de plus de 0,4°C. Par contraste, les eaux Arctiques sont désormais plus chaudes (2011 à 2015). On estime que l’Arctique s’est réchauffé, au cours des 50 dernières années, à un rythme plus de deux fois supérieur à la moyenne mondiale et qu’il est désormais plus chaud qu’à aucun moment du XXème siècle (AMAP, 2017).

 

Le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM) réalise un rapport annuel sur le climat océanique de l’Atlantique Nord et documente les variations ci-avant depuis un certain nombre d’années à partir d’une série de stations hydrographiques (Larsen et al., 2016). Elles révèlent une tendance à l’évolution d’année en année au cours de la période de 2011 à 2015. Les données sur la mer du Nord révèlent que les années 2011 à 2013 ont été plus froides que la décennie précédente mais que 2014 a été l’année la plus chaude selon les archives sur la température de surface de la mer (SST) au cours de la période de 30 à 50 ans et que l’année 2015 était également relativement chaude. Dans la partie septentrionale de la mer du Nord, où convergent quatre Régions OSPAR (mer du Nord au sens large, eaux Arctiques, mers Celtiques, Atlantique au large), les séries temporelles du chenal Féroé-Shetland de la température des eaux de l’Atlantique Nord illustrent une partie du rafraîchissement relevé dans la haute mer de l’Atlantique Nord alors que la température dans la mer de Barents est restée relativement élevée durant la plupart de la période de cinq ans (2011 à 2015).

 
Au delà de 2015

L’élévation à long terme de la température de la mer à l’échelle mondiale ne semble pas faire de doute mais elle est plus variable pour des périodes plus courtes et à des échelles régionales. Certaines analyses (par exemple Cannaby and Hüsrevoğlu, 2009; Ting et al, 2009) révèlent que la variabilité naturelle pourrait être responsable de jusqu’à 50% du réchauffement récent (les années 1990 à 2000) ce qui pourrait expliquer pourquoi la tendance du réchauffement pour la période de 30 ans indiquée dans le QSR 2010 a dépassé la tendance mondiale à long terme. A l’avenir, au cours de certaines décennies, des zones marines différentes subiront un réchauffement particulièrement accentué, d’autres peu de changement ou même un refroidissement malgré la tendance à long terme du réchauffement anthropique.

Répercussions

La température de la mer a des effets de grande envergure sur son milieu vivant et sur les interactions de la société avec son milieu marin. Ces effets, étant si étendus, ne sont pas couverts dans le détail dans la présente section mais dans le reste de l’Evaluation intermédiaire des liens ont été identifiés entre la température du milieu marin et les indicateurs de son état.

Glaces de mer

2011–2015

L’étendue de la banquise dans la mer Arctique, du point de vue de la surface couverte à un certain moment de l’année, a subi des variations considérables ces dernières années (AMAP, 2017) mais la tendance à la baisse se poursuit, en particulier vers la fin de l’été lorsqu’elle atteint son minimum annuel. La tendance moyenne mensuelle en septembre pour l’ensemble de l’océan Arctique est actuellement à la baisse de 13,3% par décennie par rapport à la moyenne de la période 1981 à 2010 (Arctic Report Card, 2016). L’étendue la plus faible de la banquise a été relevée en 2012 (AMAP, 2017; NSIDC). Cette tendance est moins prononcée dans la région des eaux Arctiques que dans d’autres parties de l’Arctique mais il est à noter que lorsque l’on a enregistré l’étendue de la banquise la plus faible en septembre 2012, aucune glace n’était présente dans quelque partie que ce soit de la mer de Barents. Il s’est avéré plus difficile de surveiller l’épaisseur de la banquise mais, selon la toute dernière évaluation de « Snow, Water, Ice and Permafrost in the Arctic » (SWIPA) (AMAP, 2017), l’épaisseur de la glace dans la partie centrale de l’océan Arctique a diminué de 65% au cours de la période de 1975 à 2012.

La glace peut également se former dans les parties peu profondes de la mer du Nord méridionale durant des hivers froids dominés par des vents de l’Est souvent liés à la phase négative de l’Oscillation nord-atlantique, phénomène à grande échelle déterminant la plupart de la variabilité de la pression atmosphérique hivernale dans l’ensemble de la région. On a relevé une tendance à la baisse générale de la présence de glaces hivernales en mer du Nord depuis la moitié du XXème siècle bien que les conditions des hivers 2010, 2011, et 2012 aient été telles que de la glace était présente à la suite d’une décennie durant laquelle elle était absente (NOSCCA, 2016).

Au delà de 2015

Septembre 2016, à égalité avec 2007, est en deuxième place pour le minimum le plus bas de l’étendue de glaces de mer, en dépit des conditions météorologiques de l’Arctique plus favorables à la glace, le temps étant frais et orageux en 2016. Le NSIDC (National Snow and Ice Data Centre) suggère que l’on peut s’attendre à une réduction sérieuse de la banquise, un réchauffement plus typique étant prévu au cours des prochaines années (NSIDC, 2016). L’AMAP (2017) indique que la banquise pourrait presque complètement disparaître dans l’Arctique à la fin de l’été au cours de prochaines décennies, éventuellement dès les années 2030, bien que la variabilité naturelle et d’autres facteurs ne permettent pas des prédictions précises. La banquise hivernale sera moins épaisse, plus salée, moins dure et plus mobile que la banquise actuelle. La banquise est en train de s’amincir et de rétrécir plus rapidement que prévu par la plupart des modèles.

Malgré la tendance en cours vers des conditions plus sereines et moins d’hivers à glace en mer du Nord au sens large avec le réchauffement climatique, à l’avenir on peut s’attendre de temps à autre à des hivers à glace dure dans la mer du Nord mériodionale lorsque des conditions sont favorables (Vavrus et al., 2006; Kodra et al. 2011; NOSCCA, 2016) .

Répercussions

Le retrait de la banquise dans l’Arctique pourrait avoir des conséquences socioéconomiques importantes (par exemple pour les routes maritimes, la pêche et l’exploration minérale, pétrolière et gazière offshore); les activités correspondantes peuvent potentiellement augmenter les impacts sur les écosystèmes marins. Certaines études indiquent que le retrait de la banquise pourrait éventuellement ouvrir aux espèces indigènes du Pacifique une route directe vers la zone maritime OSPAR (Reid et al., 2007; Miller and Ruiz, 2014). Le retrait et l’amincissement de la banquise la rendent plus mobile, augmentant ainsi les risques liés à la glace pour la navigation (AMAP, 2017).

Une rétroaction positive du réchauffement entraîne une fonte supplémentaire car les surfaces réfléchissantes sont remplacées par des surfaces plus sombres telles que la haute mer ou la terre, moins d’énergie est dégagée dans l’espace et la région se réchauffe encore plus.

On dispose de preuves suggérant que le retrait de la banquise pourrait entraîner des hivers froids plus fréquents en Europe septentrionale en ayant un impact sur la configuration de la circulation atmosphérique et affectant ainsi les régions OSPAR au-delà de l’Arctique.

pH de l’océan

2011–2015

On estime que l’augmentation post-industrielle du dioxyde de carbone atmosphérique (CO2), à l’échelle mondiale, a entraîné une diminution du pH en surface des océans de ~0,1 unités, (correspondant à une augmentation de ~30% de la concentration en ions hydrogène) (Royal Society, 2005). Le pH de l’eau de mer affecte le niveau de saturation en aragonite et calcite dans l’eau de mer. L’état de saturation de ces minéraux carbonatés est important pour la formation des squelettes et des coquilles qui est favorisée lorsque l’eau est sursaturée. Depuis le QSR 2010, beaucoup plus d’observations directes confirmant que la diminution du pH (ou acidification) se poursuit ont été publiées. Le Groupe d’étude sur l’acidification des océans OSPAR/CIEM (SGOA, 2015) s’est penché sur les observations des tendances à long terme des paramètres chimiques liés à l’acidification des océans dans la zone maritime OSPAR et a découvert que les études révèlent, avec cohérence, une acidification des eaux proches de la surface d’environ -0,02 unités pH par décennie. Le rythme est plus faible dans les eaux profondes de l’Atlantique du Nord-Est, bien que l’on puisse relever des taux plus élevés d’acidification et de réduction de la saturation en aragonite dans les masses d’eau sous-marines par rapport aux eaux de surface. La cause principale de l’acidification des océans est l’absorption de CO2 atmosphérique mais d’autres processus tels que le brassage, le changement des apports d’eau douce et apports de carbone organique terrestres peuvent également avoir une influence sur la progression de l’acidification des océans dans tout endroit donné.

Cinq séries de données sur l’Atlantique Nord portant sur le système océanique des carbonates et couvrant une période de plus de 20 ans ont été notifiées par Bates et al. (2014). Elles révèlent un profil constant de la diminution du pH à la surface des océans bien que des valeurs propres à des sites varient. Les observations révèlent une tendance à la baisse, par décennie, de 0,014 unités pH dans la mer d’Islande et de 0,026 unités pH dans la mer Irminger.

Le Programme sur l’acidification des océans du Royaume-Uni s’est penché sur les observations historiques de longue date du pH, à partir de 1910, figurant dans la base de données du CIEM, les informations les plus fiables couvrant la période depuis 1984. La mer du Nord au sens large, y compris la Manche, est la seule région OSPAR dont la couverture permet de déterminer une tendance (-0,035 ± 0,014 unités pH par décennie) (Ostle et al., 2016).

L’évaluation de l’acidification des océans réalisée par l’AMAP (2013) indique une diminution du pH d’environ 0,02 unités pH par décennie dans l’océan Arctique. Elle indique également l’importance d’autres processus permettant de déterminer le rythme d’acidification dans tout endroit donné, la progression n’étant pas uniforme dans l’ensemble de la région. L’océan Arctique pourrait également être particulièrement vulnérable ; en effet sa température est basse (l’eau froide absorbant plus de CO2), perspective de saturation peu profonde et un pouvoir tampon plus limité à cause des apports importants d’eau douce.

Au-delà de 2015

Les projections sur la future acidification des océans dans les mers régionales OSPAR dépendent des futures émissions anthropiques de CO2 et donc des décisions politiques internationales. Magnan et al. (2016), par exemple, ont montré que toutes les répercussions de l’Accord de Paris aboutiraient à une diminution future du pH des océans à l’échelle mondiale de 0,15 unités pH contrairement à la diminution de 0,4 unités pH dans le cadre des émissions habituelles. Les estimations réalisées dans le cadre de la Convention des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC, 2016) indiquent que la réduction des émissions de CO2, promise actuellement par des pays individuels, entraînerait une diminution du pH de surface des océans à l’échelle mondiale proche de 0,2 à 0,3 unités pH d’ici la fin du siècle. Le SGOA a étudié l’état de saturation en aragonite prévu pour la fin du siècle et a constaté que pratiquement la plupart de l’habitat des récifs de corail dans la zone OSPAR sera exposé à des eaux corrosives d’ici la fin du siècle à moins que les émissions de CO2 ne soient réduites considérablement.

Répercussions

Le SGOA (2015) a indiqué que les modifications de la saturation en aragonite dans les habitats d’eaux profondes de la zone maritime OSPAR pourraient « entraîner des dégâts irréversibles, notamment la perte d’habitats, au détriment de la fonction écologique et de services importants fournis par ces écosystèmes ».

La modification du pH a été liée à un certain nombre d’impacts dans le milieu marin. La réduction du pH modifiera le transport, la mobilisation et l’accumulation de contaminants organiques, de radionucléides, d’hydrocarbures et de métaux lourds.

Les connaissances sur les effets indirects de la réduction du pH sur les écosystèmes marins, l’adaptation des espèces, la concurrence entre les espèces sur le plan des ressources, de la colonisation par des espèces non-indigènes des zones OSPAR et les interactions entre les prédateurs et les proies présentent des lacunes. Les effets conjugués mettent en évidence qu’il y a lieu de réaliser des évaluations des impacts en se fondant sur les effets cumulatifs et dans le contexte d’autres forces motrices des modifications des écosystèmes.

Niveau de la mer

2011–2015

Le niveau moyen de la mer à l’échelle mondiale a augmenté en moyenne de 1,7 mm par an entre 1901 et 2013, les données satellites révélant un rythme plus élevé de 3,2 mm par an au cours des deux dernières décennies (IPCC, 2015). Cette élévation du niveau de la mer se retrouve dans l’ensemble des lignes côtières européennes, quoique dans une moindre mesure et en général dans les zones septentrionales qui présentent un rythme plus élevé de remontée postglaciaire de la terre. L’impact de l’élévation du niveau de la mer est le plus évident lorsque le niveau local de la mer est conjugué aux conditions de la marée, des vagues et météorologiques dans une élévation extrême du niveau de l’eau. Une augmentation de la présence de phénomènes d’élévation extrême du niveau de l’eau dans de nombreux sites est due à l’élévation du niveau local de l’eau plutôt qu’à une quelconque modification des tempêtes ou des activités de surtension (AEE 2014).

L’Arctique joue un rôle important dans l’élévation du niveau de la mer. L’AMAP (2017) indique que l’eau de la fonte des glaciers et de la calotte glaciaire arctiques représente actuellement 35% de l’élévation actuelle du niveau de la mer à l’échelle mondiale. 70% de la contribution de l’Arctique à l’élévation du niveau de la mer provient du Groënland qui a perdu en moyenne 375 milliards de tonnes de glace par an entre 2011 et 2014. Ceci représente presque le double du taux de perte au cours de la période de 2003 à 2008. En 2012 et 2015, la fonte s’est produite sur plus de la moitié de la couche de glace du Groenland et ses glaciers plongeant dans la mer ont subi à la fois une accélération de leur déplacement et une diminution de leur étendue (Arctic Report Card, 2015).

Au delà de 2015

Selon le 5ième Rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), on estime que d’ici 2100 l’élévation du niveau moyen de l’eau à l’échelle mondiale dans le cadre du scénario des émissions futures de CO2 les plus élevées se situera entre 0,45 et 0,82 m (fourchette du 5ème au 95ème percentile). L’AMAP (2017), se fondant sur une meilleure perception, estime maintenant que lorsque l’on envisage toutes les sources d’élévation du niveau de la mer (non pas seulement celles de l’Arctique), l’élévation du niveau de la mer à l’échelle mondiale d’ici 2100 sera au moins de 0,52 m selon un scénario de réduction des gaz à effet de serre et de 0,74 m dans le cas d’un scénario « au fil de l’eau ». Une autre étude (Grinsted et al., 2015), considérant le scénario le plus élevé (Profils représentatifs d’évolution de concentration (RCP) 8.5), et présumant l’effondrement des parties marines de la couche de glace arctique, offre des projections moins conservatives (supérieures à 2 m). Ces projections permettent de planifier l’adaptation du point de vue des scénarios envisageant une élévation du niveau de l’eau assez forte. Les profils régionaux du niveau relatif de la mer qui en découle sur les côtes dans l’ensemble de l’Europe reflètent les différences de soulèvement ou de subsidence des terres. Plus récemment, Vousdoukas et al. (2017) ont indiqué des moyennes projetées de 57 à 81 cm au cours de l’élévation extrême du niveau de la mer en Europe sur une période de 100 ans, notamment dans la zone maritime OSPAR, de Gibraltar à la côte norvégienne de la mer de Barents.

Répercussions

L’élévation du niveau de la mer peut entraîner des inondations et érosions côtières et la perte de régions côtières. La périodicité d’élévations extrêmes du niveau de l’eau est ainsi réduite et menace les écosystèmes marins. De futurs impacts de l’élévation du niveau de la mer seront plus ressentis le long des lignes côtières de faible élévation à haute densité et où l’amplitude des marées est assez faible (Kundzewicz et al., 2001). Les mesures d’adaptation (par exemple défense côtière ou alignement côtier) risquent d’affecter à la fois les communautés et les écosystèmes côtiers.

Vagues et tempêtes

2011–2015

La variabilité naturelle des vagues et des tempête est importante, il est donc difficile de discerner les tendances à long terme (Woolf and Wolf, 2013). Les phénomènes graves récents tels qu’un certain nombre de tempêtes hivernales ayant la force d’un ouragan qui ont eu lieu en 2013 et 2014 sont inhabituels mais ils ne sont pas nécessairement sans précédent. Il semble cependant que la trajectoire des tempêtes se soit déplacée vers le Nord-Est, un certain nombre de cyclones profonds augmentant dans la haute latitude de l’Atlantique Nord (au nord du 55ième parallèle Nord, proche de la latitude de Copenhague) (NOSCCA, 2016).

Le GIEC (2015) indique avec un niveau de confiance moyen que la hauteur moyenne significative des vagues a augmenté depuis les années 1950 dans la majeure partie de l’Atlantique Nord au nord du 45ième parallèle, les tendances hivernales typiques atteignant jusqu’à 20 cm par décennie. De nouvelles analyses pour la période plus longue de 1871 à 2010 dans l’Atlantique du Nord-Est révèlent une tendance positive de la hauteur des vagues mais augmentant moins rapidement.

Au delà de 2015

La modélisation du climat prévoit un déplacement continu vers le nord de la trajectoire des tempêtes, bien que ces projections n’inspirent qu’une confiance restreinte (GIEC, 2015). En ce qui concerne les tempêtes, les projections futures de la hauteur des vagues sont très incertaines et dépendent en partie des modifications de la trajectoire des tempêtes. Dans l’Arctique, on s’attend à plus d’eaux libres en hiver car la glace continue à diminuer ce qui affecte la température et l’échange d’humidité entre l’atmosphère et les océans, entraînant des conditions météorologiques locales plus extrêmes; ce phénomène peut également avoir une influence sur les tempêtes et la météorologie à des latitudes plus basses (AMAP, 2017).

Répercussions

Les impacts potentiels sont notamment un risque accru de dégâts causés par les vagues, des inondations côtières et l’érosion des communautés côtières ainsi que la perturbation des activités dans le milieu marin, telles que la pêche et les opérations d’offshore. Le GIEC (2015) a indiqué qu’un déplacement vers le Nord de la trajectoire projetée des tempêtes pourrait promouvoir des précipitations extrêmes dans les hautes latitudes septentrionales durant l’hiver. Il a également été suggéré que ce déplacement de la trajectoire des tempêtes pourrait promouvoir un réchauffement polaire (Kug et al., 2010).

Précipitations et bassins versants

2011–2015

Les observations du débit fluvial aux environs de la mer du Nord au cours des décennies récentes (années 1960 à 2010) révèlent une variabilité interannuelle très forte (dans les zones septentrionales étroitement liées à la configuration de l’Oscillation Nord-Atlantique) mais une augmentation apparente des rejets hivernaux, indiquant une tendance vers des précipitions hivernales plus intenses. Aucune tendance précise n’a été relevée durant l’été. Plus au sud, une tendance générale vers une réduction des précipitations est évidente, en particulier dans la partie atlantique de la péninsule Ibérique (AEE, 2014; NOSCCA, 2016).

Au delà de 2015

La tendance vers des précipitations hivernales plus intenses se poursuit en Europe septentrionale et on s’attend donc à de nouvelles augmentations des débits fluviaux dans la mer du Nord en hiver. La modélisation prévoit une augmentation de 30% du débit fluvial de pointe (ou plus dans le cas de certains fleuves des bassins septentrionaux) d’ici 2100. Les impacts seront aggravés par les modifications de l’utilisation des sols le long des fleuves et par l’urbanisation. Les impacts aux environs de la mer du Nord révèlent des différences spatiales du nord au sud, les preuves étant moins évidentes pour les hauts débits au nord de la France et en Belgique. La diminution des précipitations estivales en Espagne et au Portugal pourrait atteindre jusqu’à 40% d’ici la fin du siècle (AEE, 2014; NOSCCA, 2016).

Répercussions

De hauts débits fluviaux épisodiques peuvent entraîner des charges plus élevées en nutriments, sédiments et contaminants vers la mer du Nord qui ont un impact sur la qualité de l’eau et la fonction des écosystèmes dans les milieux côtiers en même temps que des modifications de la salinité à court terme et la stratification correspondante. Des teneurs élevées en nutriments, sédiments et contaminants durant les périodes de faible débit dans des conditions climatiques plus extrêmes pourraient également poser des problèmes. Le volume des débordements d’égout peut être quatre fois plus élevé dans certaines zones, ceci étant dû aux effets conjugués de l’urbanisation et du changement climatique. L’augmentation des apports d’eau douce dans l’océan Arctique peut potentiellement affecter la circulation océanique, l’acidification des océans et la productivité biologique ainsi que les profils météorologiques plus au sud.

Autres aspects du climat océanique

Oscillation Nord Atlantique

L’Oscillation Nord Atlantique (ONA) est l’un des phénomènes dominants de la variabilité de la pression atmosphérique et a un impact important sur les conditions océaniques (Visbeck, et al., 2001). Au cours d’hivers à indice ONA élevé, les océans réagissent rapidement et les effets peuvent se poursuivre durant l’année suivante. On utilise l’indice ONA hivernal (de décembre à mars) d’Hurrell pour décrire l’état de l’ONA. Des conditions positives de l’ONA entraînent généralement un hiver plus doux et humide en Europe septentrionale et sec au sud et à l’ouest.

Les cinq derniers hivers (2012 à 2016), à l’exception d’un, ont eu un indice ONA positif. Trois d’entre eux ont eu un fort index positif (< 3, sur la base des écarts-types) alors que l’hiver 2013 a eu un fort index négatif (-1,97).

Des informations supplémentaires se trouvent dans le rapport du CIEM sur le climat océanique.

Circulation méridienne de retournement de l’Atlantique nord

La Circulation méridienne de retournement de l’Atlantique nord (AMOC) dépend des modifications de la température et de la salinité de la surface de l’eau alors qu’elle se déplace vers le nord de l’Atlantique. Le rafraîchissement des eaux chaudes de l’Atlantique tandis qu’elles s’acheminent vers le pôle entraîne vers le fond les eaux denses qui s’acheminent alors vers le sud alimentant ensuite les océans du monde à eaux profondes. L’Europe du Nord-Ouest jouit d’un réchauffement régional grâce à ce courant Nord. Il importe, pour la circulation, que l’eau soit plus dense dans les latitudes septentrionales, les apports d’eau douce peuvent potentiellement ralentir ou arrêter la circulation sous sa forme actuelle si l’eau circulant devient trop douce et donc n’est pas assez dense pour aller en profondeur.

Des informations supplémentaires se trouvent dans le rapport du « Natural Environment Research Council (NERC) » sur le changement climatique rapide.

Salinité

La salinité de la surface des océans (les 100 mètres supérieurs) subit fortement l’influence des modifications des précipitations et de l’évaporation (Josey and Marsh, 2005) et elle est plus variable que celle des eaux profondes. L’importance de la salinité des océans est due à ses effets sur la densité de l’eau et les impacts correspondants sur la circulation océanique.

Le déclin des glaces de mer, l’accélération du cycle global de l’eau et la fonte des glaces terrestres auront tous une influence sur la salinité des océans. Dans les mers épicontinentales, les modifications de la salinité à la surface affecteraient la présence ou l’absence de stratification de la colonne d’eau et de la circulation locale.

Des informations supplémentaires se trouvent dans le rapport du CIEM sur le climat océanique et dans l’Evaluation du changement climatique dans la région de la mer du Nord.